Quelles seront les grandes tendances de l’année pour le marché de l’emploi ?
Les perspectives d’emploi sont très bonnes pour 2023 puisque près de 4,5 millions de recrutements sont attendus selon les chiffres de l’observatoire Adecco Analytics. Néanmoins, derrière ce chiffre très encourageant, les statistiques fournies par Pôle Emploi nuancent l’ensemble en affirmant que les recrutements seront toujours difficiles, comme en 2021 et 2022.
En effet, l’année dernière, près de 60% des recrutements ont été considérés comme « difficiles » par les entreprises et ce chiffre ne semble pas vouloir diminuer en 2023. Tous les spécialistes s’accordent à dire que le marché est en pénurie de talents et que cette tendance risque de perdurer.
Conséquence directe pour les entreprises, les meilleurs candidats font l’objet d’une compétition intense pour leur recrutement. Pour répondre plus efficacement, les entreprises ont été contraintes de faire évoluer leurs pratiques de recrutement afin de les rendre plus flexibles, plus rapides et plus efficaces. La lenteur d’un processus de recrutement est le gage certain d’une perte du candidat. Il faut donc se montrer réactif.
Quels secteurs vont recruter en 2023 ?
Même si la tendance globale est positive dans tous les secteurs, certains vont vraiment recruter de manière importante. Tout d’abord, le secteur de la santé est en grande tension, depuis plusieurs années déjà. La pandémie de COVID 19 a réellement affaibli notre système de santé, épuisant les professionnels et mettant au jour nos difficultés multiples en termes d’approvisionnement (médicaments, masques etc.). La demande de soins ne va faire qu’augmenter dans les années à venir, c’est pourquoi les besoins de recrutement dans le secteur sont et resteront très importants. Ainsi, selon l’INSEE, il manquerait près de 250 000 personnes d’ici 2024 pour parvenir à prendre en charge de manière efficace les personnes âgées à domicile ou en EHPAD. La pénurie se profile aussi dans le secteur hospitalier (public essentiellement) duquel de nombreux professionnels de santé décident de partir pour se diriger vers l’extra-hospitalier, secteur au sein duquel les conditions de travail sont meilleures.
Enfin, des besoins vont également évoluer dans l’industrie du médicament. La crise du COVID a fait émerger une prise de conscience de la nécessaire relocalisation de certaines unités de production de molécules essentielles (antibiotiques, paracétamol etc.).
Autre secteur qui génère un gros appel d’air : la mobilité décarbonée. La récente réglementation européenne interdisant les moteurs à essence d’ici à 2035 a considérablement accéléré la transition de l’ensemble des pays de l’Union européenne vers la mobilité décarbonée. Les véhicules électriques et/ou hybrides sont pour l’instant la technologie majoritairement choisie, mais la France a fait le pari de l’hydrogène afin de devenir d’ici à 2030 l’un des leaders mondiaux dans le secteur.
Toujours lié à la transition écologique, le secteur du BTP est également en recherche importante de main d’œuvre dans le cadre de la politique nationale de rénovation des bâtiments par la lutte contre les passoires énergétiques.
Le secteur de la logistique est également en pleine expansion. Ici aussi, la pandémie est passé par là et a accéléré les transformations des comportements des acheteurs qui se dirigent de plus en plus vers le E-commerce, nécessitant des performances logistiques toujours plus importantes.
Enfin, la digitalisation de plus en plus poussée entraîne des besoins immenses dans les secteurs de la Tech, et tout particulièrement dans la cybersécurité qui est un domaine en très forte tension.

Les conséquences du développement du télétravail sur le marché de l’emploi
La pandémie de COVID 19 et les divers confinements qui s’en sont suivis ont considérablement influé sur le développement du télétravail. Utilisé avec parcimonie jusqu’à présent, ce dernier est devenu un classique, et même un acquis pour certaines professions du tertiaire. Néanmoins, le développement du télétravail, même s’il présente de très nombreux avantages, implique de profondes mutations dans les relations et interactions sociales et professionnelles au sein d’une entreprise. Dans ce cas de figure, le bureau se transforme en un espace créateur de lien social pour se retrouver et mener des projets à bien. Il est évident que les équilibres sont difficiles à trouver et qu’ils sont propres à chaque entreprise. Les collaborateurs ont besoin d’espaces de rassemblement et d’interaction pour réussir à faire corps et intégrer l’esprit d’entreprise.
Des implications majeures ont été générées par ces évolutions. La première est le fait que désormais, les besoins des entreprises en termes de surface de bureaux sont souvent moins importants (ou en diminution).
La deuxième évolution est organisationnelle. C’est celle de la semaine de travail, qui se restructure, tant pour intégrer les collaborateurs en télétravail que pour prendre en compte les problématiques des coûts énergétiques. En effet, pour de très nombreuses TPE/PME, la question de la facture énergétique oblige à moduler l’ouverture des bureaux (fermeture partielle par exemple). Cela implique donc que certains collaborateurs travailleront depuis chez eux ou depuis un tiers-lieu. Ce concept, défini durant les années 80 par le sociologue Ray Oldenburg, désigne les lieux ne relevant ni du travail ni de l’habitation, mais où des activités peuvent prendre place. Pour plus de détails, vous pouvez vous rendre sur le site francetierslieux.fr.
Le développement considérable du télétravail a néanmoins des conséquences négatives. Il est en train de fragmenter les actifs entre ceux qui peuvent prétendre au télétravail et ceux qui ne le peuvent pas. Cette impossibilité peut être génératrice de frustrations, celles-ci venant s’ajouter aux diverses fractures déjà présentes entre les actifs possédant un emploi stable (CDI) et les travailleurs précaires, exerçant la plupart du temps à la tâche et dont les actions sont surveillées et encadrées par leurs employeurs. Ces emplois très mal rémunérés, offrant un minimum de protection sociale, sont souvent présentés comme de « l’esclavage moderne ». Ces évolutions doivent néanmoins nous amener à penser plus finement et précisément le modèle économique, social et sociétal que nous souhaitons voir s’imposer.
Quels enseignements sont à tirer pour le marché de l’emploi ?
Les évolutions sociétales, économiques et environnementales conduisent de plus en plus les professionnels à désirer un emploi possédant du sens. De plus en plus d’actifs souhaitent bien évidemment gagner leur vie mais en exerçant un emploi qui a du sens, pour eux et pour le collectif.
Cette quête de sens entraîne des implications nombreuses sur les procédures de recrutement. Le marché de l’emploi est davantage tourné vers les candidats que vers les employeurs, c’est pourquoi les entreprises doivent de plus en plus prendre en compte les besoins de leurs futurs collaborateurs, que ce soit en termes d’horaires, d’inclusion, de mobilité, de santé/bien-être au travail etc.
L’année 2023 est une année de confirmation après la reprise post-COVID de 2022. Le marché de l’emploi se transforme très rapidement. Les bons candidats sont rares et font l’objet d’une compétition intense, tout particulièrement dans les secteurs en tension comme la transition énergétique ou encore la cybersécurité. Du côté des candidats, la quête de sens et surtout la qualité de vie au travail deviennent des critères importants de choix d’une entreprise.