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Les biais cognitifs dans le recrutement (partie 3)

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Lors de notre article inaugural, nous avions essayé de définir ce qu’est un biais cognitif et en quoi il peut influer (positivement ou négativement) sur votre manière de recruter. Voici aujourd’hui la quatrième (et dernière) partie de notre série d’articles. Faisons le point sur les biais cognitifs dans le recrutement et comment les contourner.

Le biais cognitif dit « de perception »

Le biais cognitif de perception constitue une tendance systématique et inconsciente à interpréter et à traiter sélectivement les informations sensorielles de manière à confirmer ou à renforcer nos croyances, nos attentes et nos préjugés préexistants. En d’autres termes, il s’agit d’une distorsion dans la manière dont nous percevons le monde qui peut nous amener à voir et à interpréter les choses d’une manière qui correspond à nos opinions et à nos convictions, plutôt qu’à une perception objective. Sous l’appellation générique « biais de perception », c’est en réalité de multiples biais qui se retrouvent. Voici quelques exemples dont nous avons déjà parlé :

  • Biais de confirmation : C’est lorsque nous avons tendance à remarquer et à accorder plus d’importance aux informations qui confirment nos croyances existantes, tout en ignorant ou en minimisant les informations qui les contredisent ;
  • Biais de saillance : Il s’agit de privilégier les éléments qui sont particulièrement visibles, frappants ou mémorables, même s’ils ne sont pas représentatifs de la réalité dans son ensemble ;
  • Biais de cohérence : Nous avons tendance à percevoir les informations afin qu’elles soient cohérentes avec nos expériences passées et nos connaissances préalables ;
  • Biais de sélectivité : Nous filtrons inconsciemment les informations pour ne percevoir que celles qui correspondent à nos intérêts ou à nos préoccupations du moment ;
  • Biais d’attribution : Nous attribuons souvent les actions et les comportements des autres à leurs traits de personnalité plutôt qu’à des facteurs externes, ce qui peut entraîner des jugements erronés ;
  • Biais de contraste : Notre perception d’un élément est influencée par les éléments qui l’entourent immédiatement, ce qui peut conduire à des jugements relativement exagérés.
  • Biais de familiarité : Nous avons tendance à préférer ce qui nous est familier et à percevoir les choses familières comme étant plus sûres ou meilleures.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

Avec les biais cognitifs, la bonne solution est systématiquement de remettre en question vos suppositions. A cela, il est toujours utile de multiplier et diversifier les sources d’informations sur une situation ou une personne. Cela permet d’objectiver davantage. Dernier élément, la réflexion collective sur un recrutement peut vous aider prendre une décision plus objective qu’en solo.

Le biais cognitif dit de « corrélation illusoire »

Ce biais désigne la propension de notre cerveau à associer deux évènements (ou deux informations) n’ayant pourtant aucun rapport l’un avec l’autre. Ce faisant, ces illusions peuvent nous mener à des décisions erronées car basées sur des postulats eux-mêmes erronés.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

La connaissance la plus complète et la recherche de l’information exacte en recoupant les sources constitue toujours une solution idéale. C’est la connaissance qui permettra de confirmer ou d’infirmer une corrélation.

Le biais cognitif dit « biais de récence »

Le cerveau humain a une tendance prononcée à se rappeler essentiellement les évènements récents. En faisant cela, nous avons souvent tendance à accorder plus d’importance à des évènements récents qu’à des évènements plus anciens, tout simplement parce que notre cerveau a plus de difficultés à se les remémorer. 

Ce biais se rencontre particulièrement chez les professionnels ayant des informations en très grande quantité à traiter. Le recruteur ayant déjà analysé de multiples dossiers de candidats durant une journée aura plus de mal à se rappeler les premiers dossiers qu’il a analysé que les derniers.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

Écrire, et à plus forte écrire avec un stylo sur du papier amène de nombreux avantages. Cela permet de prendre en notes les éléments les plus essentiels d’un entretien, mais également de se relire plus tard, tout en fixant plus efficacement dans votre mémoire ces éléments importants. 

Second conseil : évitez de saturer votre cerveau d’informations, surtout quand elles sont similaires, n’hésitez pas à ménager des temps de pause qui seront à n’en pas douter salutaires.

Le biais cognitif dit « biais d’évaluation »

Dans un monde professionnel de plus en plus mondialisé, la performance est souvent reine. Le biais cognitif d’évaluation affecte nos critères nous permettant d’évaluer de manière objectives les autres personnes avec lesquelles nous interagissons. Il est bien évident que chacun d’entre nous possède sa propre définition du « succès ». Est-ce l’argent ? Le pouvoir ? La réussite intellectuelle ? Le positionnement social ? Ces critères, propres à chacun, sont donc forcément subjectifs.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ? 

Afin d’éviter qu’un critère ne prenne le pas sur d’autres, il peut être utile d’établir des critères d’évaluation clairs et précis. Il est toujours plus aisé d’évaluer quand les règles sont fixées clairement dès le départ. Cela facilité non seulement le travail de l’évaluateur mais également de l’évalué et pousse à plus de performance.  

L’autre solution est d’organiser des auto-évaluations qui sont ensuite corrigées par des collègues. Cela permet de multiplier les sources d’informations et d’affiner au plus près les résultats obtenus. 

Nous espérons que cette série d’articles sur les biais cognitifs les plus courants vous a aidé à prendre conscience de ces phénomènes courants pour tout être humain mais pouvant fausser le jugement et mener à des décisions erronées. N’oubliez pas que la solution principale est de multiplier les avis (et donc les sources d’informations) et de prendre le temps de se poser des questions. La qualité de l’analyse est à ce prix.

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