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Les biais cognitifs dans le recrutement (partie 1)

Tout être humain, est influencé dans sa vie professionnelle par des biais cognitifs, consciemment ou non. Ces derniers vont influer sur vos modes de pensée, mais également sur vos interactions avec des collègues. Ces biais cognitifs permettent à notre cerveau d’aller plus vite dans la prise de décision. Ainsi, il utilise des chemins de traverse formés par ces divers biais cognitifs.
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Tout être humain, est influencé dans sa vie professionnelle par des biais cognitifs, consciemment ou non. Ces derniers vont influer sur vos modes de pensée, mais également sur vos interactions avec des collègues. Ces biais cognitifs permettent à notre cerveau d’aller plus vite dans la prise de décision. Ainsi, il utilise des chemins de traverse formés par ces divers biais cognitifs.

Même s’ils permettent de prendre des décisions plus rapides, ces biais peuvent induire notre cerveau en erreur. Alors, nous sommes guidés vers des informations erronées voire des préjugés sur certains candidats. Faisons le point sur ces biais cognitifs et comment les contourner dans le cas de figure du recrutement.

La différence entre préjugés et biais cognitifs

Les préjugés et les biais cognitifs sont deux termes qui sont souvent utilisés de manière interchangeable. Toutefois, il existe une différence clé entre les deux. Un préjugé est une opinion ou une conviction préconçue à l’égard d’une personne ou d’un groupe. Généralement, elle est fondée sur des généralisations stéréotypées. Un biais cognitif, en revanche, est une distorsion dans la pensée qui peut influencer la façon dont nous percevons et interprétons le monde qui nous entoure.

Il ne s’agit pas ici d’apprendre à se débarrasser des biais cognitifs, ce n’est pas possible. Simplement, il s’agit d’en avoir conscience afin d’en atténuer au maximum les effets potentiellement négatifs. Cette série d’articles vous propose un état des lieux des biais cognitifs auxquels vous pourrez être confrontés dans votre recrutement et la meilleure manière de les contourner et d’y faire face. 

Comment définir un biais cognitif ?

Dans les années 70, deux psychologues américains, Daniel Kahneman et Amos Tversky, ont mené de nombreuses études tendant à prouver que dans certaines situations un individu va, de manière inconsciente, procéder à une simplification de ses schémas mentaux. Par exemple, face à trop grand nombre d’informations, un délai de réponse court, ou même face à l’incertitude. Ce processus doit lui permettre de réaliser une évaluation rapide d’une situation pour prendre une décision. Selon ces chercheurs, le problème est que ce processus va influer sur le raisonnement d’un individu. Ainsi, cela va le conduire à une vision incomplète et subjective de la réalité, et donc à une prise de décision potentiellement mauvaise.  
Daniel Kahneman distingue plusieurs éléments dans ses travaux : les biais cognitifs, les biais émotionnels et les heuristiques de jugement. 

Les biais cognitifs sont des éléments de pensée venant altérer la réalité d’une personne. Cette situation est la conséquence de réflexes inconscients. Ces derniers entraînent un raisonnement faussé ou erroné. Ces biais peuvent s’expliquer par de nombreux facteurs comme le manque de temps, un nombre d’informations trop important mais aussi des facteurs culturels, émotionnels, religieux etc.
Une heuristique est facilement confondable avec un biais cognitif même si la logique est différente. La distinction entre l’heuristique et un biais cognitif peut s’expliquer en considérant que le biais cognitif est le résultat, mais également la déformation du raisonnement en elle-même tandis que l’heuristique est la mécanique qui permet le biais.

Les biais cognitifs liés au nom d’un candidat

Ce biais désigne la propension d’un recruteur à favoriser certains noms/prénoms par rapport à d’autres. Le cas de figure le plus courant est de privilégier les candidats ayant un nom d’origine française. Ces préjugés liés au nom (ou au prénom) peuvent bien évidemment entraîner des conséquences négatives en délaissant des candidats potentiellement talentueux.

De quelle manière atténuer ce biais ?

De plus en plus de recruteurs, d’entreprises et d’administrations utilisent des logiciels d’anonymisation des CV. Cette solution peut également se réaliser manuellement mais cela prendra davantage de temps.

Le biais de confirmation

Le biais cognitif dit de confirmation représente la propension que tout être humain a à chercher des informations, des signes, qui vont dans le sens de ses propres attentes/opinions.  Autrement dit, nous avons tendance à ne sélectionner que les informations qui vont dans le sens de notre idée de départ.

Concernant quasiment tout le monde, ce biais cognitif nous conduit à manquer de sens critique et d’objectivité. Cela conduit généralement à une mauvaise interprétation de certains signaux ou de certaines informations. Souvent, surtout celles et ceux qui ne vont pas dans la direction de notre avis initial. 

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

Il est absolument indispensable de recouper et vérifier les informations dont vous disposez. Multipliez les sources afin de vérifier vos hypothèses et vous permettre de nuancer vos prises de positions. Le plus efficace est d’utiliser un questionnaire d’entretien standardisé pour tous vos recrutements. Cette norme vous permettra de poser des questions objectives. Ainsi, vous évitez de dériver vers des questions plus subjectives, qui viendraient confirmer votre avis initial sur le candidat.

Le biais cognitif lié à l’effet de halo

L’effet de halo n’est pas un biais cognitif nouveau puisqu’il a été découvert et théorisé il y a cent ans par un psychologue américain, Edward Lee Thorndike. Ce biais cognitif est également nommé « effet de notoriété » ou « effet de contamination ». Il désigne la tendance à considérer à partir d’une caractéristique positive (ou négative), que toutes les caractéristiques d’une personne sont positives (ou négatives).

L’image construite à partir de ce biais cognitif est basée sur des informations tronquées et subjectives. Ainsi, les erreurs d’appréciations peuvent être très nombreuses.

L’exemple le plus courant est celui du recruteur persuadé qu’un candidat sera excellent dans ce poste sous prétexte qu’il vient d’une école prestigieuse. Néanmoins, même si cela indique que le candidat est certainement compétent, cela ne veut pas dire qu’il est le candidat idéal pour le poste.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

La solution la plus efficace est de mener plusieurs entretiens, avec des personnes différentes. Cela permet de multiplier les angles d’observation. Ainsi, vous atténuez l’effet de halo éventuel chez l’un des recruteurs.

Le biais cognitif lié à l’effet de corne (effet Horn)

Ce biais cognitif est l’exact opposé de l’effet de halo. Nous partons donc d’un a priori négatif sur une caractéristique d’une personne qui va s’étendre à toutes ses caractéristiques. 

Cet effet peut aller de l’image du jeune qui serait forcément dilettante, de la jeune femme blonde qui serait limitée intellectuellement ou encore du candidat obèse qui serait fainéant. Ces clichés ont malheureusement la vie dure.

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

À l’image de l’effet de halo, l’entretien multiple peut être très utile. Il est également absolument nécessaire, de remettre vos premières impressions en question. 

Le biais dit « de conformité » 

Le biais de conformité désigne la tendance naturelle que chaque individu a à se ranger à l’avis du plus grand nombre. Cette tendance se réalise inconsciemment afin de faciliter l’intégration sociale. C’est le psychologue américain Irving Janis qui a défini ce concept durant les années 70 en parlant d’« effet de groupe ». Néanmoins, de nombreux chercheurs ont depuis complété ces travaux en nuançant fortement le concept d’« intelligence collective ».

Ce dernier part du postulat qu’une somme d’intelligences est plus efficace qu’une intelligence individuelle. Toutefois, le conformisme étant très puissant, si le groupe est mal équilibré ou organisé, il peut parfaitement prendre de plus mauvaises décisions qu’un décideur seul et unique. En effet, la pression exercée par le groupe sur les individus peut les conduire à prendre de mauvaises décisions afin d’être intégrés socialement ou d’éviter un conflit

De quelle manière atténuer ce biais cognitif ?

Organisez des votes ou sondages anonymes. En effet, permettre à chacun de donner son opinion de façon anonyme favorise la liberté d’expression. Ainsi, cela nous évite de nous soucier des préférences des autres.

Demandez l’opinion de chacun au préalable : avant de vous rendre à une réunion, entretenez-vous avec chaque membre de l’équipe en privé pour connaître leur avis. Tout le monde aura ainsi largement le temps de réfléchir à un sujet donné et d’exprimer ses pensées sans avoir à les présenter aux collègues.

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